dimanche 27 janvier 2013

Petites contradictions entre (faux) amis


Aujourd'hui 27 janvier 2013, ce sont les partisans du mariage pour tous qui vont défiler dans Paris. J'ai moins de problèmes avec ce défilé qu'avec le précédent, mené par les "opposants". Mais ce mode d'expression par de grandes manifs, quand la patrie n'est pas vraiment en danger, m'agace. Sûr qu'on va compter les manifestants et comparer avec ce qui s'est passé il y a 3 semaines. Rapport de force... quel sophisme, quelle courte vue pour analyser le sujet.  Vivement que cette loi passe et qu'on oublie les divisions fabriquées entre français sur le sujet.

Das un registre voisin, la France médiatique a bruissé toute la semaine de la libération de Florence Cassez, cette jeune femme française qui vivait avec un  gangster mexicain, dans l'ignorance absolue, a-t-elle toujours affirmé, du coeur de business de son amant, mais qui a été condamnée par la justice mexicaine à 60 ans de prison pour complicité dans des enlèvements crapuleux. Rien de plus qu'un fait divers, pourrait-on dire, mais le réseau de ses amis, ou de ceux qui le sont devenus, a réussi à transformer cette affaire assez particulière en une affaire d'état, où la France, le troisième (deuxième ?) "plus grand" pays d'Europe, a affronté le Mexique, le troisième plus grand pays d'Amérique latine. Les gens qui sont aujourd'hui au pouvoir de part et d'autre, plus pragmatique que leurs prédécesseurs, ont calmé le jeu et trouvé le moyen de faire rentrer la française en France, en respectant les règles constitutionnelles du Mexique. Que l'eau passe...!

Ce qui est gênant, c'est que le président Sarkozy avait multiplié les incidents diplomatiques en faveur de la "petite française" dépeinte comme victime de la machine d'état mexicaine, aux moeurs pré-démocratiques - comme si le dysfonctionnement du système de police et de justice du Mexique était tellement évident qu'on pouvait résoudre la question par des discussions bilatérales entre chefs d'état. De l'autre côté de l'Atlantique, l'opinion publique mexicaine semble furieuse de l'issue apportée à l'affaire, au nom des dizaines d'enlèvements quotidiens qui continuent à pourrir la vie des mexicains, comme si le droit se décidait dans la rue et au tribunal de l'opinion publique.

Le Mexique a beaucoup de problèmes à résoudre, dont une gangstérisation rampante de la société, qui traduit l'incapacité de l'état de droit à sortir assez vite la pays de la pauvreté... et la présence au-delà des frontières nord de la plus grande économie du monde - un gradient qui fait fuir les forces vives du pays -, qui est aussi le plus grand marché de consommation de drogue au monde. Ils vont trouver des réponses rapidement ou pas. Je leur suggère de regarder les précédents historiques où l'on a intégré les envahisseurs de l'extérieur ou les grands bandits dans le l'état, qui devient ensuite un état de droit ! Un des derniers épisodes  de ce feuilleton millénaire est celui des robber barons aux USA, comme Carnegie, Rockefeller, J.P. Morgan etc. (http://en.wikipedia.org/wiki/Robber_baron_(industrialist))

Changeons encore de sujet.

On débat en France des problèmes de l'industrie automobile. On admire l'Allemagne, qui réussit mieux que la France, les Etats Unis, qui ont su retourner leur industrie en faillite grâce à une nationalisation de courte durée, etc. : les journalistes tiennent beaucoup à des grilles de lecture nationales pour un problème largement liés de la mondialisation; ils adorent aussi distribuer de bons ou des mauvais points et à conclure à l'emporte pièce en synthétisant les avis des quelques invités qu'ils ont rassemblés sur un plateau.

Dans le cas présent, la situation est pourtant assez simple :
  • l'offre de modèles dépasse les besoins du marché, de façon criante dans la crise/récession actuelle, mais de façon plus sournoise avant 2008.  Les constructeurs, les fameux OEM, pour satisfaire leurs différents maitres parmi lesquels le marché n'est pas le seul, ont toujours fait de la surenchère, formaté les consommateurs pour qu'ils acquièrent des réflexes d'achat qui justifient l'obsolescence programmée et réagi plus ou moins vite aux demandes réglementaires et normatives des états, en particulier de l'Europe. Cette excès d'offre coûte cher, ce qui est insoutenable quand le marché s'effondre. 
  • l'automobile est probablement en train de passer la main à autre chose, dans un grand cycle de Kondratieff en émergence.  Son importance était liée au pétrole, dont l'ère va se terminer, bientôt, ou pas si tôt que cela, selon votre religion en matière de peak oil. Pourquoi diable le besoin de mobilité se reporterait-il sur des voitures électriques, ou à hydrogène, ou des des voitures à voile, dont on parle moins, LOL. Donc, structurellement, comme disent les journalistes qui ne comprennent pas bien l'économie, la demande va décroitre, dans les pays "riches" au moins, mais aussi dans les pays émergents qui vont devoir inventer autre chose - qui existe probablement déjà. 
Dernier épisode d'actualité, la guerre du Mali et la prise d'otage d'In Amenas, décodés eux aussi en direct avec une logorrhée médiatique où l'on entend tout, le bon sens, la profondeur d'analyse et les bêtises, dans un brouhaha tel que rien ne ressort de clair ni d'intelligent - l'équivalent d'un film pornographique où l'on a oublié l'essentiel, d'un étage de livres à la FNAC par rapport à la boutique d'un petit libraire. Des acteurs de la mondialisation envoient leurs employés travailler aux quatre coins de la planète, activité normale dans une économie mondialisée. Mais ces lieux de production sont immergés dans une réalité locale et, comme tels, n'échappent pas aux tensions géopolitiques entre les riches et les pauvres, les prédateurs (dont beaucoup sont aujourd'hui des émergents) et les néo-colonisés. Résultats, quarante morts norvégiens, japonais, anglais, américains, qui n'avaient pas signé eur contrat de travail en connaissance de cause par rapport à de tels risques. Et il est probable que les entreprises qui les ont envoyés n'y avaient pas trop pensé non plus, naïvement, cynisme et bonne foi mêlés.  

Il est probable que cette prise de conscience a posteriori va renforcer la réponse militaire aux côtés de la France au Mali, qui s'y trouve bien seule pour l'instant. Mais l'essentiel, c'est l'insuffisance du discours, de la réflexion, des entreprises mondialisées par rapport à cette irruption dans des univers qui ne les intéressent pas vraiment, hors de l'usage qu'elles veulent en faire, donc y récupérer des matières premières, ou parfois aussi exploiter une main d'oeuvre bon marché, sans partager avec eux les hauts niveaux de vie de leur terre de base. On parle de développement durable, de responsabilité sociale des entreprises, de base de la pyramide, etc. Mais les entreprises continuent à prétendre que le business prime tout, qu'on doit lui ouvrir le chemin au nom de la croissance, du PIB, des emplois. Que nenni ! C'est un peu court, jeune homme, on pourrait dire bien des choses en somme...

Derrière cela il y a aussi la question de l'altérité, de l'islam, l'altérité absolue semblerait-il pour des sociétés laïques à base chrétienne.  Revoilà les guerres de religion ou les chocs de civilisations ! Au secours ! 

Il reste encore beaucoup de travail de réflexion malgré tout ce qui a été fait, qui se fait....

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